Elsa Neufville & Erwan Gayet

« NOUS PRÉFÉRONS LA FRUGALITÉ AU GESTE ARCHITECTURAL »
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Elsa Neufville et Erwan Gayet co-dirigent depuis 2011 l’agence éponyme Neufville-Gayet. Spécialiste du logement et du patrimoine, le duo défend une approche sobre du bâtiment, incarnée pour le Groupe Galia par son tout premier projet hôtelier.

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Elsa NEUFVILLE et Erwan GAYET
Architectes
Dirigeants de l’agence Neufville-Gayet
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Propos recueillis par Olivier WACHÉ

O-W.Comment s’est faite la rencontre avec le groupe Galia ?
E-N.Il nous a été proposé de participer à un premier concours à l’initiative du groupe Galia, concours que nous n’avons pas remporté. Puis un autre pour le projet Clichy nous a été proposé et nous l’avons gagné cette fois. C’est toujours enthousiasmant et motivant de participer à ces concours : c’est un défi de réflexion d’imaginer un projet qui doit être effectué en un temps donné, face à d’autres équipes. C’est aussi une bonne base avant d’entamer une réalisation, cela permet de poser les choses

O-W.Parlez-nous du projet Clichy
E-G.Il s’agit d’un immeuble d’habitation et d’un garage, qui sont démolis pour faire place sous l’enseigne Tribe à un hôtel de 120 chambres et son restaurant. Initialement, le projet consistait à créer un espace de co-living, mais faute d’exploitant, le projet a été reconverti en hôtel. C’est la force du groupe Galia d’identifier ce type d’endroits et de bien connaitre la démarche de reconversion de ces sites.

O-W.Quels sont les particularités de ce projet ?
E-N.Comme l’a dit Erwan, il s’agissait initialement d’un immeuble de co-living, avec des espaces de vie partagés. Il fallait donc être efficace sur les surfaces des chambres et très généreux sur les espaces partagés. Le site se situe en alignement sur la rue Jean Jaurès, face à une église classée. Il est édifié sur une place, ce qui offre un dégagement, une vue. La mairie souhaitait un bâtiment en pierre, nous sommes donc partis de cela, en proposant un édifice simple, tramé. Cette efficacité structurelle, cette simplicité de lecture sont importantes pour nous : nous sommes plus partisans d’une frugalité architecturale que d’un « geste ». Lorsqu’il s’est agi de changer le projet initial, cette rigueur dans l’approche nous a permis d’aller vite pour les modifications : nous n’avons pas eu à repenser les volumes, ils se prêtaient facilement à cette transformation.

O-W.Pourquoi la décoration intérieure a-t-elle été confiée à l’agence Ciguë plutôt qu’à vous ?
E-N.
A chacun son métier. Cette activité d’architecture intérieure n’est pas la nôtre et Galia ne souhaitait pas nous confier la mission. Un concours a été organisé, nous avons suggéré que Ciguë y participe car nous connaissons et apprécions leur travail. Nous avons déjà collaboré sur divers projets, je les accompagne aussi sur les démarches patrimoniales. Ciguë a accepté de participer et a remporté le concours.

O-W.L’aspect environnemental est une autre spécificité du projet…
E-N.
C’est vrai, mais cette question est tellement intégrée à notre travail, à notre démarche, que nous n’y pensons plus. Pour ce projet, les exigences sont importantes : les façades sont réalisées en pierre massive porteuse qui joue sa fonction à plein, il existe des toitures-terrasses végétalisées… Pour l’aménagement intérieur, Ciguë utilise beaucoup le bois, la pierre, le feutre pour les plafonds… Et le programme est labellisé BREEAM.

O-W.De quoi s’agit-il ?
E-G.
BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method) est une certification britannique qui permet une évaluation environnementale des bâtiments. Elle s’intéresse à de nombreux sujets : la climatisation, le chauffage, les matériaux utilisés, l’acoustique, l’absence de nuisance pendant le chantier, la pollution, la santé, le bien-être… Chacun de ces éléments donne des points et une note finale. Pour Clichy, nous avons obtenu la certification Very Good, ce qui est un bon résultat.

O-W.Le projet bénéficie aussi du label Planet 21 du Groupe Accor. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
E-G.
Planet 21 est le programme de développement durable du groupe Accor. Pour la partie bâtiment, il s’agit de répondre à un cahier des charges assez strict, sur des questions comme le choix et l’usage des matériaux, les équipements, le respect d’éléments thermiques et acoustiques…

O-W.Pourquoi vous êtes-vous spécialisés dans cet aspect environnemental ?
E-N.
J’ai passé un master « Maitrise d’Ouvrage et Maitrise d’Œuvre de la qualité environnementale » en 2012, qui m’a donné des notions techniques et des réponses sur les problématiques environnementales, par exemple sur la question cruciale du réemploi des matériaux. Cette formation m’a permis d’affiner ma sensibilité et m’évite d’apporter des réponses qui ne seraient que techniques. Implanter un bâtiment sur un site, c’est s’interroger sur l’usage, le confort d’usage, sur la durabilité.

O-W.Coupler cette notion avec celle d’architecte du Patrimoine, que vous êtes devenue en 2016, est important ?
E-N.
Devenir architecte du patrimoine était surtout lié à la pratique de l’agence. Depuis 10 ans, nous travaillons beaucoup sur des bâtiments existants et nous nous interrogeons toujours sur la façon de les réutiliser. C’est le premier volet de l’architecture environnementale : réutiliser plutôt que de reconstruire.

O-W.Comment se répartissent vos activités ?
E-G.
Nous avons développé deux activités principales : 70% concernent la réhabilitation ou la construction de logements avec des bailleurs sociaux, et 30% le patrimoine, depuis 2016. Cela est lié au parcours d’Elsa et au mien, qui réalisais beaucoup de logements lorsque nous avons créé l’agence en 2011. Le projet Clichy est notre premier hôtel, mais l’approche est finalement assez similaire à celle que nous avons du logement. Il existe la même sensibilité à la qualité des espaces et au confort. On devrait pouvoir y passer une vie comme on y passe une soirée.

O-W.Existe-t-il une « signature » Neufville-Gayet ?
E-N.
Nous n’avons justement pas de signature. Nous aimons la sobriété, la frugalité. Ce qui nous importe, c’est que ce que nous imaginons fonctionne, que les espaces soient agréables à vivre, lumineux.
E-G.
Nous cherchons la pérennité dans les matériaux, les formes, l’usage. Nous n’aimerions pas que le bâtiment soit démodé dans 20 ans. Ce qui nous plait, c’est l’idée qu’un bâtiment puisse changer dusage, qu’il offre une réversibilité.

 

 

 

 

 

 

 

 

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